Les Prisonniers de Montlhéry
- Qui étaient ces huit Templiers ?
- La Tour de Montlhéry
- Informations pratiques
- Extraits en ligne
- Liens
- Galerie de photos
Certes, Montlhéry ne fut jamais possession templière, mais elle joua néanmoins un rôle dans l’histoire de l’Ordre. La célèbre Tour qui domine encore aujourd’hui la vallée de l’Orge fut le lieu d’incarcération de certains Templiers. Partout en France, en effet, les Templiers furent conduits dans la prison royale la plus proche de leur lieu d’arrestation. Le château de Montlhéry, qui était passé à la couronne en 1118, était administré par un prévôt et fut mis tout naturellement à la disposition des officiers royaux pour héberger huit des Templiers arrêtés le 13 octobre 1307.
Ils y resteront deux ans et demi. Il faut attendre le mardi 10 février 1310 pour les voir arriver à Paris pour le grand procès de l’Ordre. Ils sont huit, ou plutôt ils ne sont plus que huit. Nombre de Frères en effet, dans toute la France, sont décédés pendant leur incarcération, de vieillesse, de maladie, de malnutrition, et ceux de Montlhéry ne firent sans doute pas, hélas ! exception à la règle.
Il existe d’autres tours-donjons du même type que celle de Montlhéry qui servirent de prison aux chevaliers du Temple.On peut citer La Tour du Coudray, à Chinon, célèbre pour ses graffiti énigmatiques, la Tour des Archives de Vernon dans l’Eure et la Grosse Tour de Bourges, aujourd’hui disparue.
Qui étaient ces huit Templiers ?
Le Procès nous a conservé les noms de ces huit Templiers. On sait ainsi que trois d’entre eux étaient prêtres et que la moitié venait du diocèse de Langres. Nous possédons quatre de leurs dépositions faites lors de l’interrogatoire parisien d’octobre-novembre 1307, juste après l’arrestation. Aucune déposition du procès de 1311 ne nous est parvenue à leur nom.
Lambert de Thoisy (Procès de Michelet I 64 ; I 103 ; II 394) était originaire de Thoisy-le-Désert, en Côte d’Or, où la commanderie de Bures (aujourd’hui Bures-les-Templiers) possédait une dépendance. On y voit encore une Maison dite des Templiers, classée à l’Inventaire.
Son nom est cité trois fois dans le Procès de Michelet. On a en particulier sa déposition lors de son premier interrogatoire qui eut lieu le 15 novembre 1307 à Paris. Né vers 1267, il est entré dans l’Ordre du Temple en 1293, probablement séduit par le parcours et les idéaux de son oncle, Renaud, qui assistera à sa réception. Le précepteur de la baillie de Bures, Pierre de Chivres, s’était déplacé pour conduire le rituel qui eut lieu dans la chapelle d’Uncey-le-Franc, au diocèse d’Autun.
Lambert avait 26 ans quand il est entré au service de l’Ordre. Il a une quarantaine d’années lors de l’arrestation et sert dans la maison de « Gelboe, au diocèse de Langres ». Le nom est connu dans l’Ancien Testament (la défaite de Gelboé qui causa la mort du roi Saül et permit ainsi l’avènement de David) et c’est sans doute la raison pour laquelle le greffier a cru le reconnaître. Il s’agit probablement en réalité de Gerbeau, aujourd’hui sur la commune de Rigny-le-Ferron dans l’Aube, à quelques km de la commanderie de Coulours. Le greffier, décidément distrait, a aussi confondu les diocèses. Langres n’est pas le diocèse de la maison de Gerbeau, qui dépend de Troyes, mais celui de Thoisy d’où est originaire le frère Lambert.
On perd sa trace après le grand rassemblement du 28 mars 1310 dans le jardin de l’archevêché de Paris.
Jean de Sancto Remigio (Procès de Michelet I 64 ; I 103) venait du diocèse de Soissons. On peut supposer qu’il était originaire de Saint Remy Blanzy dans l’Aisne, à 11 km seulement de la commanderie d’Ambrief.
Milon de Sancto Friacho (Procès de Michelet I 64) venait de Saint-Fiacre, près de Meaux. On sait seulement de lui qu’il était prêtre.
Guy de Ferrières (Procès de Michelet I 64 ; II 413-414 ; II 417) était prêtre, lui aussi. On apprend dans sa déposition qu’il venait de Ragnicourt au diocèse de Beauvais. Il s’agit peut-être de Rémécourt dans l’Oise. Né en 1257, il a été reçu dans l’Ordre à l’âge de 38 ans. La cérémonie s’est déroulée dans la chapelle de Laigneville. Elle était conduite par le Frère Nicolas, alors précepteur de Lagny-le-Sec. La commanderie de Laigneville est classée à l’Inventaire.
De Gérard de Langres (Procès de Michelet I 64), on ne sait rien sinon qu’il était prêtre et qu’il a été transféré à Paris avec ses huit codétenus le 10 février 1310.
Laurent de Crenoy (Procès de Michelet I 64 ; I 103 ; II 396) était originaire de Crenay en Haute-Marne, à 20 km de Langres. Agé de 40 ans, il n’était dans l’Ordre que depuis six ans. Il avait reçu dans la maison de « Cursus Gibouin » par le frère Etienne d’Epailly. Il s’agit en réalité de Courban, en Côte d’or, dont la Chapelle Saint-Georges était celle de l'ancienne commanderie d'Epailly. Détail original : l’un des frères qui assistaient à sa réception, un certain Christian, était le barbier du visiteur de France, Hugues de Pairaud.
Jean de Poissons (Procès de Michelet I 64 ; I 103 ; II 396) venait de Poissons au diocèse de Langres, à moins de 50 km de Crenay. On a de lui sa déposition lors de l’interrogatoire de Paris. C’est ainsi qu’on sait qu’il occupait dans sa commanderie la fonction de berger. Agé de 29 ans en 1307, on ignore depuis combien de temps il était dans l’Ordre. Il avait été reçu à Buxières-sur-Arce dans l’Aube, par le précepteur de la commanderie toute proche d’Avaleur (aujourd’hui sur Bar-sur-Seine).
On ne sait rien de Raoul du Carrel (Procès de Michelet I 64 ; I 103), sinon qu’il était du diocèse de Rouen.
La Tour de Montlhéry
La Tour de 30 m de hauteur sur un diamètre d’une dizaine de mètres, qui domine encore aujourd’hui la vallée de l’Orge, est le dernier vestige de l’ancienne motte féodale. Lorsque Louis VI ordonna le démantèlement du château, au début du 12ème s., il décida en effet d’épargner cette tour, sans doute en raison de sa position stratégique éminente qui permettait de surveiller d’éventuels mouvements de troupes sur la grande route de Paris à Orléans.
Le château, reconstruit par Philippe-Auguste, eut beaucoup à souffrir de la guerre de cent Ans. Il sera de nouveau réhabilité par Olivier de Clisson, à la fin du 14ème s.
Sa situation exceptionnelle fit de la Tour, de tout temps, le théâtre d’expérimentations scientifiques.
Au début du 17ème s., Pierre Gassendi fit des expériences sur la transmission du son entre l’Observatoire de Paris et le donjon de Montlhéry (23 km).
A la fin du 18ème s., Claude Chappe y fit de nombreux essais de fonctionnement de son système de télégraphe optique. On y installera ensuite une station permanente.
Un siècle plus tard, le physicien Alfred Cornu se servit de la Tour pour calculer la vitesse de la lumière en prenant pour base de départ l’Observatoire de Paris.
Informations pratiques
En cours de restauration depuis 1992, la Tour est malheureusement fermée au public. On peut néanmoins monter jusqu’à l’enceinte et admirer le fier élan de ses pierres blanches qui se dressent comme un signal au-dessus de la vallée.
Extraits en ligne
Gochet, Alexis-Marie (1835-1910). La France pittoresque. Tours, 1896. p. 81.
Le Magasin Pittoresque. 1833, pp. 36-38.
Liens
Le château de Montlhéry (gravure)
http://montlhery.com/Images/gaugue/intro.gif
Dessin de P-A. Wille (18ème s.)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77402649.notice
Dessins anonymes (milieu 19ème s.)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7740263w.notice
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7740203m.notice
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7740262g.notice
Estampe anonyme (19ème s.)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b77402612
Base Mémoire
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=INSEE&VALUE_1=91425
Base Mérimée
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=INSEE&VALUE_1=91425
Etude très complète (archéologie militaire et architecture)
« le château de Montlhéry » par Jean-Christophe Guillon
http://montlhery.com/chateau1.htm
Poissons
http://www.poissons52.fr/
Montlhéry par l’abbé Lebeuf
http://montlhery.com/lebeuf.htm
La commanderie de Laigneville
http://www.insolite-asso.fr/spip.php?article202